Pour
certaines parties du livre, et notamment celles ayant trait aux origines du prix
et à la vie d'Alfred Nobel, je n'ai pas pu faire autrement que de puiser aux
bonnes sources, en lisant les ouvrages qui m'ont semblé être les mieux informés
et nourris d'informations de première main. Rédigés en majorité en langues scandinaves, ils sont énumérés
dans la bibliographie qui clôt mon bouquin. Et, lorsque j'emprunte citations ou
idées, je mentionne mes sources dans le corps du texte, avec toutefois le souci de ne pas multiplier les références pour que la lecture reste fluide.
Dans ces
livres de référence, j'ai cherché ce qui me paraissait le plus en phase avec
mon approche:
-- la
décortication d'une mécanique qui, au départ, devait se construire ex nihilo et
s'est huilée avec le temps
-- les
facteurs expliquant les choix des différents "jurys" Nobel,
nécessairement subjectifs en particulier dans les disciplines
non-scientifiques.
A ces
sources sont venues s'ajouter les documents disponibles dans les institutions
décernant les différents Nobel. La subjectivité étant plus flagrante pour les
prix de littérature et de la paix, c'est à l'Académie suédoise (Stockholm, 1ère photo ci-dessous) et à
l'Institut Nobel norvégien (qui, notamment, assiste le Comité Nobel chargé de décerner le
prix de la paix, à Oslo) que j'ai passé le plus de temps à fouiller dans les
archives accessibles.
J'y ai consulté notamment:
-- les listes
des personnalités nominées pour les prix et celles des personnalités ayant
proposé ces noms (lecture plus instructive qu'il n'y paraît, c'est là qu'on
débusque des liens peu évidents par ailleurs, qu'on repère des retours
d'ascenseur, qu'on voit qui a fait l'objet d'une campagne orchestrée pour
décrocher un prix).
J'y ai consulté notamment:
-- les
rapports d'évaluation des personnalités nominées, rédigés par des membres du
Comité Nobel norvégien et des experts qu'ils ont consultés (documents éclairant
les raisons d'un couronnement et, a contrario, celles qui ont poussé à écarter
des milliers de personnalités)
-- les évaluations
et autres mises au point rédigées par les membres de l'Académie suédoise en
charge de sélectionner les lauréats du prix de littérature (souvent écrites
dans un suédois recherché, elles reflètent l'inlassable travail de filtrage
effectué chaque année à Stockholm; diverses considérations s'entrecroisent:
nationalités, catégories d'auteurs, analyses de leur style et conception de
l'écriture, prises en compte de leurs opinions politiques ou autres)
-- les rapports administratifs et financiers annuels du Comité
Nobel norvégien rédigés depuis 1901 (intéressant pour le fonctionnement interne
d'une telle entité, même si leur rédaction sent la bureaucratie)
Hélas,
il est impossible de consulter tout document interne concernant les Nobel émis
durant les 50 dernières années. Ainsi en a décidé la fondation qui chapeaute le système Nobel
(j'en explique les raisons dans le livre).
Ainsi,
durant mon enquête réalisée essentiellement entre début décembre 2011 et fin
mars 2012, il m'a été impossible de parcourir les listes, les évaluations,
etc., concernant la période allant de cet hiver-là à la saison Nobel 1962
comprise. Ce n'est qu'à partir de janvier 2013 que les documents concernant
l'année 1962 seront accessibles à ceux qui, après en avoir fait la demande,
auront reçu le feu vert.
Pour
le prix de la paix, le journal rédigé pendant des décennies par celui qui était
alors le président du Comité Nobel norvégien m'a été d'une aide précieuse. Là,
dans cet exemplaire unique tapé à la machine, consultable dans la "salle
des lectures spéciales" de la Bibliothèque nationale (Oslo), le Norvégien
Gunnar Jahn lève par moments le voile sur:
--
les réunions des cinq membres du Comité Nobel (et de son secrétaire, qui n'a
pas le droit de vote mais peut prendre part aux discussions) en vue de
sélectionner les lauréats. On y découvre les dissensions internes, les
inimitiés, les préjugés idéologiques des uns et des autres, les laborieuses
tractations pour s'accorder sur un nom, etc.
--
les manœuvres et approches effectuées par certains pour obtenir le prix ou
faire en sorte qu'une autre personnalité le reçoive
--
les sollicitations extérieures auxquelles est soumis le Comité Nobel
--
les préférences de l'auteur du journal, ses centres d'intérêt personnels qui,
parfois, ô miracle, se traduisent par l'attribution d'un Nobel...
Autres mines d'informations écrites, les
sites Internet de la Fondation Nobel (www.nobelprize.org), de
l’Académie suédoise (www.svenskaakademien.se),
de l’Académie royale des sciences (www.kva.se), de
l’Institut Carolin de Stockholm (www.ki.se) et de
l’Institut Nobel d’Oslo (www.nobelpeaceprize.org).
A côté de ce travail de recherche et de lecture plutôt solitaire, dans l'atmosphère feutrée des bibliothèques, j'ai rencontré des personnes bien vivantes, impliquées à divers niveaux dans les processus de décision et la machinerie Nobel.
J'en parlerai ici dans un prochain billet.