lundi 3 septembre 2012

Mon nouveau livre, une "Histoire du prix Nobel"



Les prix Nobel, ce sujet obligé qui tombe chaque année, aussi sûrement que l’automne sur la Scandinavie au moment où ils sont annoncés (en octobre) et l’hiver lorsqu’ils sont remis en grande pompe (le 10 décembre). Un beau "marronnier", comme on dit dans le jargon des médias, pour les journalistes en poste en Europe du Nord et ceux des rubriques sciences, littérature ou politique étrangère.

Les prix Nobel, des choix parfois étranges, souvent inattendus et qu'il est de bon ton, ici et là, de moquer. Des distinctions qui ne méritent pas pour autant l'importance que certains leur accordent. 

Alors pourquoi en parler? 

Parce que précisément ces prix font causer, surprennent, suscitent l'enthousiasme, le scepticisme ou les protestations. Aucune autre récompense du genre ne fait autant couler d'encre au niveau mondial. Comment est-ce possible? Pourquoi ces prix-là et pas d'autres? Comment la sauce Nobel a-t-elle pris?

Ce sont là quelques-unes des questions qui m'ont poussé à imaginer la rédaction d'un livre sur le sujet. Ayant eu l'occasion, depuis 1994, de répercuter et expliquer les choix des institutions décernant les différents prix Nobel, et les réactions qu'ils n'ont pas manqué de provoquer, je me suis mis à observer de plus près les mécanismes de ce phénomène unique en son genre.

Puis, après avoir trouvé un éditeur intéressé par mon projet, François Bourin, j'ai entrepris de décortiquer ladite mécanique. Pour ce faire, je suis remonté aux origines avec l'idée de trouver les raisons qui ont incité le Suédois AlfredNobel à consacrer, à titre posthume, le plus gros de sa fortune - l'une des plus rebondies de l'Europe de la fin du 19e siècle - à une initiative inédite et très ambitieuse pour l'époque: celle consistant à récompenser les meilleurs, quelle que soit leur nationalité, dans cinq domaines, littérature, physique, chimie, médecine (ou physiologie) et la paix.

La paix? Tiens, pourquoi? Et pourquoi confier le soin d'accorder ce prix non pas à des Suédois (comme pour les autres prix) mais à un comité nommé par le parlement norvégien? Comment celui-ci s'est-il acquitté d'une tâche a priori peu aisée? N'était-il pas trop lié aux dirigeants politiques norvégiens, voire à ceux d'autres pays? S'est-il défait de cette proximité? A quel prix, avec quels résultats?

Et comment se fait-il qu'on parle aussi d'un Nobel d'économie, alors que l'inventeur de la dynamite ne l'avait pas prévu dans son testament? Comment ce prix-là a-t-il pu se greffer sur les autres (en 1968), est-il aussi légitime qu'eux?

Pour chacun des prix de la galaxie Nobel, je raconte dans ce livre (à paraître le 20 septembre en France) comment le facteur humain a finalement joué un grand rôle dans l'attribution de ces fameuses récompenses. La part du subjectif, voire de l'affectif, est plus déterminante qu'il n'y paraît. Derrière les longues listes de lauréats (853 à ce jour!) se dessinent des liens, indétectables pour le public non-averti, entre certains de ces heureux élus et les personnes qui les ont distingués. On décèle aussi des phénomènes de mode, des influences dues au contexte mondial (fin de la domination de l'Europe, montée en puissance des Etats-Unis, Guerre froide, émergence de nouvelles grandes puissances et de continents, etc.).

Et puis, à ma grande surprise, j'ai retrouvé des traces de lobbying dès les toutes premières éditions des prix (la première remonte à 1901). Leur réputation s'affirmant avec le temps, les Nobel ont suscité de plus en plus de convoitises et donné lieu à des manœuvres souvent cousues de fil blanc en vue de décrocher la médaille en or et le chèque très confortable qui les accompagnent.
C'est l’un des autres fils rouges de ce livre. 

Prochain billet: la méthode et les sources utilisées pour ce livre.

1 commentaire:

  1. Excellent! Nous chercheurs, journalistes, public curieux, l'attendions depuis si longtemps ce bouquin! Bravo Antoine, continuez à nous informer. Gaël Boris.

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