jeudi 25 février 2010

Pierre Lellouche en tournée Mistral décoiffante

Finalement c'est à Pierre Lellouche, et non à Hervé Morin, qu'est revenu le soin d'aller faire passer la pillule "Mistral" auprès des Baltes. Comme je le racontais ici le 22 décembre dernier, le ministre français de la défense était attendu de pied ferme le long de la Baltique. Est-ce pour tenter d'esquiver que Paris a préféré dépêcher un responsable moins exposé? En tant que secrétaire d'Etat chargé des affaires européennes, Pierre Lellouche n'est pas en prise directe avec le dossier de la vente du porte-hélicoptères de classe Mistral (photo AFP lors d'une escale de démonstration à Saint-Pétersbourg en novembre dernier).
Cela n'a pas empêché les Lituaniens, hier, de faire savoir à l'émissaire français ce qu'ils pensaient du projet bien avancé de vente de ce navire ultramoderne à la Russie, voisine directe dont on apprécie guère ici le réarmement progressif. Ce contrat, s'il était conclu, constituerait en outre un précédent au sein de l'Otan: aucun de ses membre n'a jusqu'à présent osé vendre un tel équipement à l'héritière de l'URSS qui, aujourd'hui, se revendique volontiers de ce passé encore tout frais.
On imagine la tonalité tonique de l'entretien entre Pierre Lellouche et la dynamique présidente Dalia Grybauskaite qui, en général, n'y va pas par quatre chemins... J'ai pu le constater lors d'une interview très tac-au-tac réalisée avec cette ancienne ceinture noire de karaté pour la revue Politique Internationale, publié dans sa dernière livraison (n° 126).
Dalia Grybauskaite a eu beau jeu de rappeler à son hôte qu'un minimum de consultations politiques s'imposait entre "partenaires stratégiques". La France et la Lituanie sont toutes deux membres de l'Otan et, qui plus est, ont signé l'an dernier un accord de partenariat stratégique.
Pierre Lellouche s'est en tiré en affirmant que Paris n'avait pas encore reçu de demande officielle russe d'achat du Mistral. Et que, de toutes façons, ledit navire serait livré sans équipement militaire. Donc pas de transfert de technologie militaire à la Russie! Ce message, il le répètera cet après-midi en Lettonie et demain en Estonie, tout en limitant au maximum les rencontres avec la presse (au nom d'un agenda chargé).
Cela ne semble pas pour autant chagriner Moscou qui, d'après des experts militaires lituaniens cités par l'agence Reuters, est surtout intéressée par la capacité du Mistral à déployer rapidement des troupes en un endroit donné. Comptons sur la Russie, si elle achète le navire, pour rapidement l'armer comme il faut. Auprès de marchands d'armes russes, qui auraient besoin d'être réconfortés après le camouflet Mistral; ou auprès de marchands français, pourquoi pas?

1 commentaire:

  1. La visite a Vilnius s'est passee dans un relatif anonymat faute, comme tu le dis, de rencontre avec la presse, la reception avec la communaute francaise ayant de plus ete annulee la veille au soir.

    Je ne suis pas persuade (euphemisme) que les responsables lituaniens aient ete convaincus. En tous cas, ca n'a vraiment pas interesse l'homme de la rue!

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