Comme je l'indiquais dans L'Express, le ministre français de la défense est attendu de pied ferme en Lituanie. Hervé Morin aura fort à faire pour calmer les inquiétudes de ses interlocuteurs, au moment où Paris envisage très sérieusement de vendre à la Russie un ou plusieurs porte-hélicoptères. Ce navire n'est pas un vieux rafiot amianté dont la France veut se débarrasser en le refourguant en catimini à un lointain pays en voie de développement. Ce bâtiment ultra-moderne, dit de classe Mistral, est un fleuron de la Marine nationale, dixit Le Figaro.
D'où le malaise suscité par cette nouvelle à Vilnius, mais aussi dans les autres capitales baltes. L'idée de voir l'imprévisible voisin russe doté d'un jouet de ce tonneau en mer Baltique n'amuse guère les Baltes, pas plus que les Polonais. Ni les Géorgiens, d'ailleurs, côté mer Noire. On peut les comprendre, au moment où le Kremlin remobilise la nation russe autour d'un discours nationaliste et remuscle les capacités militaires de son armée.
On peut aussi légitimement douter de l'intérêt que représente pour Paris la possible vente d'un tel navire à Moscou. Certes, ça ferait du bien à la balance commerciale française... Mais si cette transaction était menée à bon port, le capital confiance à l'égard de notre beau pays en prendrait un nouveau coup dans la région. Mais aussi parmi ses alliés traditionnels.
Car jamais jusqu'à présent un Etat membre de l'Otan n'a vendu du matériel militaire de cet acabit à la Russie.
Faut-il vraiment que Paris montre la voie? Pourquoi procurer un outil supplémentaire à Moscou qui l'aiderait à mener une politique perçue comme agressive et aventuriste par des pays appartenant à la même alliance militaire que la France? Une politique russe dont le président Sarkozy a d'ailleurs pu juger de la redoutable efficacité lors de sa médiation visant à arrêter les combats entre la Géorgie et la Russie.
Il est vrai que c'était à l'été 2008, il y a une éternité.
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