La Lettonie, on le sait, traverse sa plus grave crise économique et morale depuis le retour de l'indépendance, il y a deux décennies. Le pays doit faire des économies là où c'est encore possible, pour répondre aux exigences du Fonds monétaire international (FMI), en échange de l'argent qu'il lui a prêté pour éviter le pire. Nombreux sont les Lettons qui émigrent ou cherchent à le faire, parce qu'ils ne peuvent plus faire face avec des salaires réduits de 25% ou 30%, des "congés" imposés et non-payés ou de très faibles indemnités chômage, lorsqu'ils y ont encore droit. La confiance qu'ils accordent à la classe politique pour trouver une issue honorable à la crise est, le moins qu'on puisse dire, très limitée. Je ne vais pas dresser le topo complet à chaque fois, au risque de donner une tonalité misérabiliste à ce blog. Mais, croyez-moi, la réalité (résumée, avec une pointe d'humour, dans l'émission Détours d'Europe, réalisée pour LCP, La Chaîne parlementaire-Assemblée nationale) n'est pas rose pour une majorité de Lettons.
Et voilà que, d'après mes informations, des entreprises lettones, avec l'assentiment et l'aide de relais à la présidence et au cabinet du premier ministre, s'apprêtent à financer un supplément "publirédactionnel" sur la Lettonie à paraître dans Le Figaro! C'est l'agence Buzi'Com, basée à Paris, qui le réalise. Elle aurait donc réussi à trouver suffisamment d'annonceurs locaux, en dépit de la récession et des mesures d'économies. Les Lettons seront heureux de l'apprendre...
Permettez moi de douter de l'efficacité de ce genre d'articles - aussi bien conçus soient-ils - à la gloire d'un pays. Lorsque je trouve un tel supplément "publirédactionnel" inséré dans un journal, la première chose que je fais en général, c'est de passer à autre chose. Je ne pense pas à être le seul.
Si le projet de Buzi'Com se concrétise comme prévu, vous saurez bientôt (mais en doutiez-vous?) combien la Lettonie se mobilise comme un seul homme pour sortir de la crise et à quel point la population soutient son gouvernement et ses entreprises dans cette démarche salvatrice, etc., etc.
Alléluia.
En revanche, le projet de la même agence de réaliser un autre supplément du genre en Estonie suscite, aux dernières nouvelles, nettement moins d'enthousiasme à Tallinn. Là, on semble plus lucide quant à l'intérêt réel d'un telle opération de communication. Il est vrai que ce pays est un peu moins empêtré dans la crise que son voisin letton. Tallinn est même à deux doigts de se qualifier dans la zone euro - pour le meilleur et pour le pire.
Est-ce un "bon client" pour une zone euro qui compte suffisamment de "mauvais payeurs"? Quelques éléments de réponse ici, dans un de mes articles publiés dans Challenges. Et qu'en pense la population estonienne? Un petit aperçu ici, dans une chronique diffusée en Belgique par la RTBF (en fin de programme).
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