samedi 11 juin 2011

Insouciance et rituels de fin de lycée


Un boucan d'enfer. Les grands axes du centre de Stockholm sont pris d'assaut par des discos mobiles qui déversent une solide techno. A bord de camions décorés de draps gribouillés et de feuillages se dandine la fine fleur de la jeunesse suédoise. C'est à qui hurlera le plus fort, au-dessus du mur de décibels. Pour 25 000 jeunes de Stockholm et sa région, le moment est venu de ta studenten (littéralement "prendre l'étudiant"), c'est-à-dire d'en finir avec le lycée. Et de le faire d'autant plus bruyamment que presque personne ne redouble dans ce pays où l'examen du bac n'existe pas.


Une page se tourne. Bientôt finie l'insouciance, on devient grand... Ca se fête! Défoulement général, hystérie collective, biture de groupe, et le reste peut-être, auxquels les parents préfèrent ne pas penser.

Année après année, c'est le même manège, avec l'obsession pour les fêtards de faire plus de raffut que les aînés. Peu importe le lycée, qu'il soit du centre chic de la capitale ou d'une banlieue colorée, il f-a-u-t aller délirer dans le centre-ville. Pour peu que la météo s'y prête, ce qui est le cas en ce début juin 2011, les tenues sont légères et l'ambiance plus torride encore. Dommage, cette année, il n'est pas possible de s'ébattre dans l'eau de la gigantesque fontaine en verre qui sert de rond-point au centre de Sergels Torg (ci-dessous), l'une des grandes places de Stockholm. Ainsi en a décidé la maréchaussée, lassée d'avoir à réparer l'installation après chaque ras-de-marée lycéen.




Le défilé sur char en folie n'est qu'un épisode du rituel qui marque la fin du lycée, dont les différentes étapes sont décrites ici ou relatées ici (en français). Ce jour-là, la tradition veut qu'on boive du champagne au petit-déjeuner. La 1ère partie de la fête, avec remise de diplôme, se veut relativement solennelle. Les parents sont associés et vont, pour ceux qui le peuvent, chercher leur progéniture au lycée en décapotable.


L'ambiance monte crescendo. Peu à peu, les casquettes blanches traditionnelles (studentmössa) arborées une fois le lycée terminé disparaissent des têtes blondes, brunes, noires, les couleurs de la jeunesse suédoise d'aujourd'hui. Dans la benne du camion, les cannettes de bière ou de cidre font leur apparition, l'eau étant réquisitionnée pour arroser les occupants ou les passants (la boire serait du gâchis).




Comme vous le verrez plus bas, les drapeaux sont aussi de sortie, et ce n'est pas celui, bleu et or, de la Suède qui est le plus visible. Les jeunes originaires de Turquie ou de pays arabes sont plus démonstratifs. Quitte à brandir en même temps un petit drapeau suédois.



Plus tard, les camions ramèneront cette chair déjà plus très fraîche à la maison, en vue de préparer l'étape suivante, le bal. La fête est loin d'être terminée, pour le plus grand plaisir de ceux qui vivent de ce business. Selon une étude récente, le budget moyen dépensé pour chaque lycéen en fin de parcours est de 16 500 couronnes suédoises, soit 1 820 euros.

Et les Suédois devenus adultes, que pensent-ils de tout ça? Comme toujours, il y a ceux qui trouvent que ce grand défoulement n'est ni bien utile ni gracieux (on l'entend dans cette "vidéo-trottoir", en suédois certes, mais qui permet d'avoir de l'image et du son)... D'autres sourient, répondent aux salutations hystériques des lycéens, voire, tel ce type tout de noir vêtu, esquissent des pas de danse très rock'n roll! Succès garanti dans le discomobile...

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