Exercice d'équilibriste qui n'est pas sans me déplaire mais qui a de quoi, je m'en souviens, émousser celui ou celle qui s'y prête trop longtemps. Ce mois d'août était toutefois trop court pour retomber dans les affres de l'agencier frustré que j'ai éprouvées il y a une quinzaine d'années, dans cette même ville, et qui m'avaient incité à l'époque à tenter l'aventure de la presse quotidienne.
Les circonstances aidant, j'avais atterri au Monde. De l'univers un peu étriqué et exsangue du pasteur spartiate, intégriste forcené de l'info vite recrachée, j'étais passé à celui plus velouté et satisfaisant du pigiste chargé d'éclairer et d'approfondir, si possible à l'aide d'une écriture travaillée et vive... De mes doigts moins fébriles, je pouvais la plupart du temps choisir les sujets avec lequels j'allais jouer le temps de les malaxer à ma manière. L'appropriation donne du sens.
Bien sûr, j'idéalise un peu cette période et le métier, ces derniers temps, a perdu de sa superbe. J'embellis aussi mon rôle, qui n'a pas toujours été aussi valorisant durant mes années de pigisme (lesquelles, hormis cette pause agencière estivale, se poursuivent). Mais si je mesure le plaisir éprouvé lors de mes périodes successives, le hâve pasteur de l'info quasi-immédiate ne fait pas le poids face au petit cardinal de l'article onctueux et réfléchi pondu tous les deux ou trois jours. Il est vrai que l'austère soutier a un salaire fixe que n'a pas le pigiste...
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