lundi 8 mars 2010

Dur 8 mars pour Joanna

Taches rouges, jaunes, roses, orangées, sur fond blanc.
Le blanc, c'est la couleur à la mode en cet hiver qui s'étire dans la région. J'en avais mal aux yeux ce matin, tant la neige réfléchissait violemment le soleil sur les trottoirs de Riga et sur la Daugava encore gelée.
Les taches multicolores, ce sont les bouquets de fleurs que portaient bon nombre d'hommes croisés tout à l'heure dans la rue.
Le 8 mars dans les pays baltes, la journée de la femme se fête comme il se doit. Ces messieurs pensent, ou donnent l'impression de penser, aux femmes de leur vie. Célébrée avec éclat durant la période soviétique avec force tulipes rouges, la tradition se perpétue depuis, même si cette journée n'est plus fériée.
Et le restant de l'année, quid de la parité, me direz-vous? La situation n'est pas idéale pour toutes les femmes dans la région. Des féministes estoniennes l'ont rappelé à l'occasion. Mais les Etats baltes ne sont pas forcément à la traîne des Nordiques, par exemple, pourtant souvent montrés en exemple (pas toujours à raison, à en croire un rapport d'Amnesty International publié ce jour).
Une étude britannique publiée en janvier voyait en la Lettonie le pays d'Europe où une femme avait le plus de chances de progresser dans sa carrière professionnelle! En Lituanie, quatre des postes clés du monde politique (présidences de la république et du parlement, ministères des finances et de la défense) sont tenus par des femmes... "En période de crise, nous prenons tous plus ou moins des risques et ce sont les femmes qui, les premières, sont prêtes à se lancer", expliquait Dalia Grybauskaite, la présidente de la république, dans un entretien accordé à Regard sur l'Est sur la place des femmes dans la société lituanienne.
Avant de ressortir de chez moi choisir le bouquet que j'offrirai ce soir, une petite pensée à une femme qui n'est pas à la fête aujourd'hui. Joanna Sigurdardottir, la 1ère dame à diriger un gouvernement en Islande, se remet péniblement du camouflet administré hier par ses concitoyens.
Parmi les Islandais qui ont voté lors du référendum pour ou contre l'accord conclu par leur gouvernement dans le but de compenser des épargnants britanniques et néerlandais lésés durant la crise financière de 2008, près de 94% ont dit "non"!
"Joanna", comme tout le monde l'appelle sur l'île, va devoir maintenant recoller les morceaux. Renégocier l'accord avec les gouvernements britannique et néerlandais. Convaincre ensuite ses compatriotes que cette fois-ci, leurs intérêts auront été mieux défendus. Jouer serré contre la droite locale, qui se réjouit discrètement de ne pas avoir eu à gérer les conséquences du grand bazar qu'elle a laissé derrière elle en abandonnant le pouvoir en janvier 2009.
Diriger un gouvernement, ce n'est pas drôle tous les jours. Même pour une femme le 8 mars.

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