J'arrive à Stockholm à un moment a priori important pour la vie politique suédoise à venir. La coopération entre le Parti social-démocrate et ses alliés vert et ex-communiste est en passe de se défaire. Ce qui signifie que le gouvernement de centre droite, devenu minoritaire au parlement après les élections du 19 septembre (voir ici les résultats officiels), aura plus de facilité à coopérer avec l'un ou l'autre de ces partis d'opposition. Plus vraisemblablement les Verts, mais sans doute aussi les sociaux-démocrates au coup par coup. Si ce scénario se concrétise, le gouvernement aura alors réussi à ne pas dépendre du soutien des 20 députés d'extrême droite nouvellement élus, comme promis après le scrutin.
La décision des trois partis "de gauche" (pour simplifier) de partir ensemble à la bataille électorale de septembre, au lieu d'y aller séparément comme par le passé, leur a coûté des voix. Le Parti de gauche (ex-communiste) a effrayé une partie de l'électorat social-démocrate traditionnel. Les Verts sont apparus trop au centre pour les partisans du Parti de gauche... Bref, cette alliance, destinée à faire contre-poids à celle qui unit les quatre partis de centre-droit au pouvoir depuis 2006, a eu plus d'inconvénients que d'avantages.
Hier, 24 heures seulement après avoir présenté une contre-proposition commune de budget pour l'an prochain, deux des trois partis en question ont annoncé que la coopération ayant prévalu depuis fin 2008 était interrompue. "Une pause", dit Mona Sahlin, la chef social-démocrate. "La fin de notre coopération institutionnelle", annonce Peter Eriksson (Verts). Seul le Parti de gauche fait comme si de rien n'était, en affirmant que tout continue comme avant. Etonnante, cette capacité à nier la réalité...
Les Verts vont-ils prochainement franchir le Rubicon et entamer une coopération régulière avec le gouvernement minoritaire du conservateur Fredrik Reinfeldt? C'est LA question du moment, alors que la classe politique traditionnelle tente de trouver un moyen de court-circuiter les Démocrates de Suède, ce parti d'extrême droite qui vient de faire son entrée au parlement avec 5,7% des voix.
En attendant, Mona Sahlin se voit à nouveau contestée en interne après le pire résultat enregistré par le Parti social-démocrate depuis 1914 (30,6% des voix). Même si elle s'accroche à son poste, rien ne garantit qu'elle mènera sa formation aux prochaines législatives, prévues en principe en 2014. Déjà se profile une alternative en la personne d'Ilija Batljan, né en 1967 au Monténégro et arrivé en Suède à l'âge de 26 ans, dans le sillage de la guerre dans l'ex-Yougoslavie. Cet actuel élu stockholmois représente la "nouvelle" Suède multiculturelle (photo prise à Gotland cet été) apparue après des siècles d'homogénéité. Une évolution que veut combattre l'extrême droite et les électeurs qu'elle a attiré à elle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire