samedi 15 octobre 2016

Nobel: Bob Dylan à sa place



Au regard de l'histoire du prix Nobel de littérature, il était logique, inévitable même, que les académiciens suédois récompensent à un moment donné un grand poète chanteur.


RAREMENT un prix Nobel de littérature aura inspiré autant de critiques - plus audibles que les bonnes âmes prenant sa défense. Excellente nouvelle!

Cela prouve :

- Que l'on s'interroge toujours sur ce qu'est/devrait être la littérature (quelques-uns vont même jusqu'à affirmer que ce prix signe l'arrêt de mort de la Littérature, ce qui revient à accorder un peu trop d'importance à un simple prix...).

- Que le sort des vrais "grands écrivains" injustement oubliés mobilise au-delà du cercle de leurs admirateurs réguliers. A juste titre, je le conçois. Encore que les véritables "grands écrivains" oubliés du Nobel n'ont pas eu besoin de lui pour exister jusqu'à aujourd'hui.

- Que le Nobel reste LE prix attendu qui, année après année, continue à irriter et enthousiasmer, malgré les errements, récents ou lointains, du passé.

J'invite à ce propos à passer en revue la liste des lauréats depuis 1901 pour nourrir la critique (parfois un peu facile, parfois méritée) à l'encontre d'un nombre non-négligeable de décisions de l'Académie suédoise qui, il n'est pas inutile de le rappeler, sont toutefois à replacer dans le contexte de leurs époques successives.
Mommsen (1902), Gjellerup (1917), Spitteler (1919), Reymont (1924), Karlfeldt (1931), Russell (1950), Aleixandre (1977)... Vus avec nos lunettes contemporaines - francophones, qui plus est -, une bande de lauréats arborent la dégaine de resquilleurs montés par effraction à bord du reluisant train Nobel, alors que d'autres sont malencontreusement restés à quai (Zola, mort dès 1902 certes, Proust, Kafka, Joyce, James, Zweig, Hardy, Musil, Virginia Woolf, Borges, etc.). Rappelons toutefois, au nom de l'équité, la présence à bord de passagers dénommés Hamsun, Hemingway, Faulkner, Camus, Sartre, Beckett, Soljenitsyne, Böll, Canetti, Marquez, Oe, Mahfouz, etc.



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Cela dit, pour en revenir à Robert Zimmerman, je trouve ce choix entièrement défendable et justifié. Ce n'est pas parce que l'on chante (même d'une voix nasillarde) qu'on ne saurait être un poète au sens propre et noble du terme. En la relisant aujourd'hui, la poésie de Dylan (car c'est bien cela que l'Académie suédoise a voulu récompenser, elle le dit expressément dans son bref attendu) peut paraître simple, basique même, directe et très orale. Surtout si on la compare à celle, extrêmement travaillée, grandiloquente parfois, de "maîtres de la poésie" (à la Saint-John Perse, par exemple, lauréat en 1960).
Chanson après chanson, cela n'en constitue pas moins une œuvre à la fois très personnelle et emblématique d'une génération-clé, porteuse qui plus est d'un message novateur, dérangeant et rebelle, du moins à la grande époque de Bob Dylan, celle que l'Académie a voulu distinguer (à lire, sur cet excellent site, les textes entiers des chansons du natif de Duluth, avec leurs traductions en français; et la biographie signée François Bon, qui rend justice à cette personnalité énigmatique).

Quant à la simplicité de l'écriture poétique de Dylan, elle n'est pas sans rappeler, dans une approche et un environnement différents, celle d'un Tomas Tranströmer. Lauréat en 2011, le poète suédois avait été primé pour "ses images condensées et translucides", grâce auxquelles "il donne un accès neuf à la réalité". Lui aussi composa une œuvre facile d'accès (ce n'est pas pour rien qu'elle est traduite en une soixantaine de langues). "Par des mots simples, des métaphores d’évidence, il entre en nous, très doucement, presque fragilement (...) Quand on vient à le lire, il semble que ce sont des petites anecdotes qu’il nous confie au coin de son feu intérieur, des histoires d’avant" (dixit Gil Pressnitzer). On a pu sourire au fait que des Suédois récompensent ainsi l'un de leurs compatriotes. En revanche, peu de personnes crièrent au scandale.




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S'ils avaient déjà distingué une poésie à la fois accessible et de qualité, les académiciens suédois ne s'étaient pas encore aventurés sur le terrain de l'expression chantée. Cette excursion inédite et (un peu) osée semble en choquer plus d'un, sur le mode "Quoi, un troubadour, un barde inspiré par les beatniks, comment est-ce possible?! Au secours, la littérature se meurt!"

Or, de mon point de vue, il était logique qu'à un moment donné, les académiciens suédois récompensent un grand poète chanteur. Ne serait-ce que pour cocher, une fois au moins, cette case-là, qui restait vierge. Tout comme leurs aînés ont, un jour, fini par récompenser des représentants de langues jusqu'alors ignorées (Andric le Serbe en 1961, Seferis le Grec en 1963 et le Japonais Kawabata en 1968 en sont des exemples type) ou négligées depuis trop longtemps (Jiménez l'Espagnol en 1956, Quasimodo l'Italien en 1959, etc.). Choix justifiés, notamment, au nom de l'équité géographique et linguistique, comme en attestent les documents d'archives auxquels j'ai eu accès.

Au palmarès Nobel, qui défile lentement sa pelote depuis 1901, laquelle continuera à rouler bien après 2016, il y aura l'année Dylan. L'année au cours de laquelle 17 Suédois (un siège étant vacant), lors de leurs réunions successives du jeudi à Stockholm, auront estimé que le moment était venu. Parmi eux, il s'en trouve certainement quelques-uns pour être moins à l'aise avec ce choix que la majorité. Mais il a bien fallu parvenir à une décision.

Alors Bob Dylan, banco!

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Malgré les nombreuses critiques (en partie équilibrées par ces éloges ou encore celles-ci ou celles-là), je suis persuadé qu'ils ne regrettent en rien leur choix, (un peu) osé certes mais tellement vivifiant. Pour la raison que je viens d'expliciter. Et puis parce que, au passage, ils se sont fait un petit plaisir. Année de naissance moyenne de ces 17 académiciens en exercice? 1945. Celle de Dylan? 1941. L'un a accompagné les autres pendant une bonne partie de leur vie.
Avoir fait graver à jamais le nom de Dylan dans le marbre Nobel, avec"pour avoir créé de nouvelles expressions poétiques dans la grande tradition de la chanson américaine" en épitaphe, ça a de l'allure, pensent ces Suédois qui, tout aussi "immortels" soient-ils, peuvent disparaître d'un jour à l'autre (avant même leur lauréat septuagénaire, qui sait?).

Sans compter qu'en Suède la culture populaire nord-américaine a un poids nettement plus lourd qu'en France, ou dans une bonne partie de l'Europe. Elle fascine littéralement. Dylan, en particulier, a la cote à Stockholm. Ses mémoires (Chronicles, vol. 1, lues ici par Sean Penn) y sont partis comme des petits pains. En 2000, il recevait, des mains du roi de Suède, le Polar Music Prize dans une ambiance solennelle (voir cette vidéo marrante), avant-goût de ce qui l'attend en décembre prochain...
Or, rappelons-le, les académiciens suédois sont le fruit de leur époque et de ses effets de mode, de ses obsessions, de ses coups de cœur (j'en ai assez parlé dans mon Histoire du prix Nobel publiée en 2012).



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Quant à ceux qui regrettent qu'une fois de plus, un Philip Roth, une Joyce Carol Oates, un Milan Kundera, un Amos Oz, que sais-je encore - enfin, ces noms incarnant la grande littérature, la vraie - soient restés à quai, je les comprends. J'attends, moi aussi, que leur heure vienne. Mais un prix à Bob Dylan minimise-t-il pour autant leurs œuvres, leurs mérites, l'admiration que leur portent leurs lecteurs? Non. Au pire, on rappellera plus tard que Roth, Oates, Pierre Michon et d'autres ont rejoint la cohorte des immenses oubliés du Nobel. Au mieux, ils seront récompensés à leur tour dans les années qui viennent.

En effet, que les inquiets se rassurent: à partir de l'année prochaine, il y a de fortes chances que l'Académie suédoise récompense quelques auteurs incontournables, faisant l'unanimité ou presque. Ou bien des plumes moins connues, hormis dans leurs pays d'origine et leur voisinage immédiat, genre épistolier burkinabe ou prosateur de Mongolie extérieure, que l'Académie souhaitera sortir de l'ombre dans laquelle elles œuvrent, discrètes, entièrement dévouées à la création littéraire.

"For the loser now / Will be later to win / For the times they are a-changin'", écrit Dylan...

Et ces choix à venir d'auteurs confidentiels, voire obscurs, hermétiques, vaudront aux "immortels" d'être, comme au bon vieux temps pré dylanien, accusés d'élitisme. Y compris, sans doute, par certains lui reprochant cette année d'avoir bradé la Littérature. Avec un grand L.

samedi 27 août 2016

Par une vitre




long regard 
par une vitre suédoise,
moins de pigeons 
qu'à Paris,
moins d'ardoises
qu'à Ancenis,
de moellons
que dans le Gard


mercredi 15 juin 2016

Pampa




dans la pampa suédoise,
a l'orée des bois,
roulent des raggare
en bruyant convoi,
crânement emmené
par une Buick turquoise





lundi 25 avril 2016

De retour de pêche en eaux baltes


ON CROISE de drôles de poissons en littérature. Prenez ce dénommé Brochet, qui donne son nom à une traduction française du dernier roman écrit par Eric Ambler, au titre original moins aquatique (The Care of Time, 1981). Charles Brochet est l'un des pseudos choisis par celui qui, au départ, a tout pour endosser le costard du Grand Méchant de l'histoire. Eric Ambler décrète que Charles Brochet s'appelle en réalité Karlis Zander, "né à Tallin [sic], en Estonie. D'une famille de langue allemande." Karlis sonne franchement letton mais passons sur ce détail (Simenon a bien choisi de baptiser l'un de ses Grands Méchants Pietr-le-Letton, déjà évoqué ici).

"Quand l'Union soviétique a envahi les pays Baltes, après l'attaque de la Pologne par les nazis, il [Karlis] était étudiant. (...) Il devait avoir dans les dix-huit ans. Dans ces pays-là, on devient vite adulte... et coriace. Les Russes ont coincé sa famille, mais lui il a pu s'échapper. Il faisait partie d'un groupe de réfugiés qui sont parvenus à Dantzig en bateau. Là, il s'est porté volontaire pour entrer dans la Wehrmacht et, après une période d'entraînement, on l'a envoyé dans une école d'infanterie, puis dans un service de transmission." Parcours presque classique pour la région, dirais-je. Ils sont des dizaines de milliers de Baltes à avoir ainsi vu dans l'armée allemande le seul moyen de lutter contre les Soviétiques après l'invasion de leurs pays et la déportation de parents, de proches ou de voisins.

Mais revenons à ce roman d'espionnage de bonne facture (tel l'incipit: "La lettre d'avertissement arriva le lundi, la bombe le mercredi. Ce fut une semaine chargée"), bien qu'un brin suranné. Après un passage sur le front russe au service de l'Abwehr, le service de renseignement de l'armée allemande, Karlis Zander parvint à traverser l'Europe dans le flot de personnes déplacées et à gagner l'Algérie. "Il ne connaissait que le métier de soldat." Là, il s'engagea donc dans une unité de paras de la Légion étrangère sous le nom de Carl Hecht, combattit en Indochine, fut blessé à Diên Biên Phu, évacué et fait citoyen français sous le nom de Charles Brochet.

Le sandre (zander en anglais) et le brochet (Hecht en allemand), autant de poissons carnivores pour nommer un personnage qui déjouera les pièges tendus, dans un décor alpin, par un émir fou à lier et ses sbires. Le tout sous le regard faussement naïf de Robert Halliday, le héros du roman. "Nègre" de profession, ce dernier est embauché pour remettre en forme un manuscrit écrit par Serge Netchaïev, personnage bien réel (1847-1882), lui, auteur d'un Catéchisme du révolutionnaire (qu'il aurait rédigé avec Bakounine) et présenté dans le roman comme un théoricien du "terrorisme moderne". L'étrange commande passée à Holliday ne s'avère être qu'un prétexte en vue de l'utiliser dans le cadre d'une machination où le manipulé ne sera pas nécessairement celui que l'on croit...


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Des brochets, on croise d'autres, inoffensifs, dans Metal, le roman autobiographique du Letton Jānis Joņevs paru en mars en français (chez Gaïa). L'occasion? Une partie de pêche épique ("en l'avant la canaille, à la nous la poiscaille!"), qui occupe une douzaine de pages du livre et dont l'issue est aussi pitoyable que le son du bâtonnet de dynamite balancé dans l'eau: ploc. Le temps d'une nuit de picole en bordure de rivière infestée de moustiques, Jānis, quinze ans à peine, se mesure à ses nouveaux potes, les "voyous".
"Avec eux, je pouvais me permettre de faire le con à ma guise." Un comportement, pense-t-il, qu'il ne saurait adopter en présence des membres de sa bande habituelle, les "métalleux". Avec eux, "on était toujours dans un état d'activité spirituelle, de tension et d'attention permanentes". C'est du moins comme ça qu'il voit les choses, Jānis, l'intello de la petite bande traînant dans la bourgade de Jelgava en 1994, année du départ des derniers soldats russes encore stationnés en Lettonie. Quasiment pas de politique dans ce roman, mais les préoccupations familières d'un groupe d'ados qui se cherchent et se retrouvent dans une passion immodérée pour le métal et ses dérivés tonitruants.

Jānis n'est pas un grand pêcheur ni ne pèche beaucoup. S'il le fait, en de vénielles occasions, c'est pour ne pas passer pour le ringard de la bande. Et en imaginant parfois ce que ses parents trouveraient à en redire. Il est attachant, ce jeune Jānis, qui languit d'enfin s'"intoxiquer à l'alcool" (il y parviendra vite), louche sur les filles sans oser les entreprendre (Diana "devait avoir l'air particulièrement sexy, car je me sentis, comme on dit, décontenancé. Hyper décontenancé"), a du mal à parler quand la fumée des premières cigarettes lui monte dans les yeux. Piètre guitariste, il hésite à former son groupe de black metal (surtout pas de pop, qui "représentait le conformisme de la majorité universelle face à quoi nous devions garder sans mollir notre position de minorité ricanante").

On est tous plus ou moins passé par cet état d'irrésolution juvénile, ce qui rend ce roman d'autant plus sympathique. Lancé à la baille, il ferait pas mal de ronds dans l'eau avec ses 350 pages, mais il ne se veut pas prétentieux pour un lats. Dialogues à l'emporte-pièce, souvent hilarants, touchants parfois (celui avec le soudeur rencontré un soir, non loin de la rue des Tractoristes) et finement traduits par Nicolas Auzanneau. Grâce à Jānis Joņevs (photo), on s'approprie l'univers de gamins de la Lettonie post-soviétique, qui ne jurent que par des groupes de musique anglo-saxons ou leurs copies locales, tout en citant des bribes du Maître et Marguerite.


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Entre l'histoire de Metal et celle d'Es esmu šeit (Je suis ici), moins de vingt ans ont passé. On continue à pêcher en Lettonie (le vol de filets a remplacé le bâton de dynamite comme méthode "alternative"). Le lats n'a pas encore été remplacé par l'euro dans ce film sorti à Riga cette année. Après l'entrée du pays dans l'UE et la crise-massue de 2008, les campagnes se dépeuplent. La mère de Raja, 17 ans, et de son frère cadet Robi est partie tenter l'aventure en Angleterre. Le père, lui, est mort. Les deux ados cohabitent avec une grand-mère acariâtre dans une ancienne ferme dont les arbres sont vendus par cette dernière, contre leur volonté, pour améliorer le quotidien.

La vie n'est pas gaie en Latgale, province parmi les plus pauvres de l'UE, limitrophe de la Russie et de la Biélorussie. Raja tente de garder la tête au-dessus de l'eau après le décès accidentel de la baderne, dont elle et Robi ne disent rien à personne. La pension continue donc à être versée mois après mois. Difficile de ne pas taper dedans pour s'enivrer avec les copains (Robi) ou s'acheter une robe (Raja) pour participer, à Rezekne, la "grande ville" du coin, à un concours de langue anglaise dont le 1er prix n'est autre qu'un aller et retour en avion pour Londres. L'occasion inespérée de retrouver la mère émigrée et de tenter de la faire revenir.

Je n'en dirai pas plus, si ce n'est que ce film réaliste - l'un des rares longs métrages lettons à avoir été récompensés hors du pays, en l'occurrence au dernier festival de Berlin sous le titre de Mellow Mud (Ours de cristal du Meilleur film dans la section Génération 14plus) - m'a séduit. Séduit comme on peut l'être par une histoire qui fleure le "no future". La vie telle qu'elle est vécue hors des routes goudronnées est filmée de manière crédible. Elle mérite d'être racontée, ainsi que le sort  d'une jeunesse oubliée, loin de la capitale. Enfin, le réalisateur, Renārs Vimba, ne sombre pas dans le misérabilisme ni dans les bons sentiments. A chaque fois que l'un de ces écueils semble affleurer, il donne un léger coup de barre et le film peut poursuivre son chemin, servi par le jeu sobre d'acteurs qui préfèrent souvent le silence à la parole (on n'est pas en Lettonie pour rien).


Coup de chapeau particulier à Elīna Vaska, qui interprète Raja non sans me rappeler, ne serait-ce qu'un peu, l'Isabelle Huppert des débuts, espiègle et buttée. Raja, une fille de la campagne à la sensualité naissante... et qui sait souquer ferme quand un pêcheur en pétard tente de la rattraper alors qu'elle s'enfuit avec ses poissons.

dimanche 28 février 2016

Occulte



l'affaire Palme
occulte crime
foire aux sicaires
complots fumeux
chasseurs de primes
dodu le mystère



mardi 23 février 2016

Sans crier




trente ans
le 28 février,
déjà,
qu'Olof Palme
sans élan 
ni, croit-on, crier
tomba


mercredi 10 février 2016

Pour le plaisir

IL M'ARRIVE d'utiliser le cadre restrictif de Twitter pour m'amuser à composer quelques vers en moins de 140 caractères.

Pour pimenter la chose, la Suède doit obligatoirement apparaître, d'une manière ou d'une autre.

Le  résultat n'est pas toujours des plus convaincants, nous sommes d'accord. Peu importe, c'est l'exercice qui me stimule avant tout.

Pour les curieux et les amateurs de triturations de mots et de méninges, je les rassemble à cette adresse: @Suedepol 

Le dernier en date, en guise d'exemple:


à Umeå

chercher noise

à un balaise

matelot

de la mer d'Iroise,

filer à l'anglaise

en paquebot

avec sa Chinoise