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samedi 27 mars 2010

Riga-London, aller simple?

Il n'a pas encore attrapé l'accent britannique, son visage recèle ce je ne sais quoi d'est-européen. Assis sur un banc le long de la Tamise, il raconte son histoire non sans une certaine fierté. La fin des haricots en Lettonie, le départ vers l'Angleterre pour y gagner sa vie, les petits boulots sans pitié, les rivalités entre semi-parias, la quête d'une certaine stabilité dans la précarité, le début d'un statut. Ce quadra, appelons-le Janis par commodité, remonte souvent les mèches châtain qui tombent sur ses yeux rieurs. Il n'est pas fébrile, il semble à l'aise à Londres, où il a commencé à s'assumer.
En Lettonie, Janis ne passait pas pour un aventurier. Il y a laissé le souvenir d'un gars qui avait tendance à se la couler douce au crochet d'une femme plus fortunée que lui, puis d'une autre. Ce dilettante, fort sympathique au demeurant, s'était frotté à la création artistique sans vraiment y croire ni convaincre. Un jour, la bonté féminine s'est tarie. Il a fallu quitter ce cocon finalement plutôt confortable.
Une agence intérimaire dirigée par des Lituaniens peu scrupuleux lui trouve un 1er job hors du grand Londres, dans une usine chimique. Travail de nuit. Puis c'est le découpage et l'emballage d'oignons, pelures, dur labeur en pleurs. Les Lituaniens le remplacent par un de leurs copains. Janis trouve un autre boulot en consultant les petites annonces. Il s'affranchit des cousins baltes. Peu à peu, l'éloignement lui fait perdre sa réserve toute lettone qui l'empêchait d'évoquer ses problèmes. Il trouve une chambre dans une banlieue londonienne, s'enregistre auprès des autorités sociales.
Le jour où je croise Janis au bord de la Tamise, ses mains fines trahissent encore sa condition lettone. Il assure vouloir rentrer au pays un jour, avec une création artistique inspirée directement de son expérience britannique. La nuit, quand la surveillance de l'encadrement se relâchait, il tournait des images avec sa caméra, il se filmait à la chaîne. Il veut en faire une oeuvre. Un moyen comme un autre de réintégrer la Lettonie la tête haute, souhait de milliers et de milliers d'hères partis tenter leur chance en Angleterre. Combien l'exhausseront?

mercredi 10 février 2010

Icesave, sauve qui peut

La rébellion islandaise s'organise. Aujourd'hui, lancement officiel de la campagne initiée par une association contre la loi Icesave, vécue comme inique par une partie de la population de l'île (voir mon billet du 5 janvier, Le pari risqué d'Olafur). A moins d'un mois du référendum sur le sujet, conférence de presse dans un grand hôtel de Reykjavik. En rang d'oignon, sept hommes en noir attendent les journalistes de pied ferme.
Ce sont les fondateurs d'InDefence, une association lancée par des citoyens islandais en plein dans la tourmente financière d'octobre 2008, initialement pour protester contre le sale coup administré par Londres: l'île nordique venait alors d'être rangée, au côté d'Al Qaida et des talibans, parmi les cibles de la législation antiterroriste britannique...
Les sept justiciers en noir ne mâchent pas leurs mots face aux journalistes, à peine plus nombreux qu'eux dans la salle (des questions arrivent aussi par courriel). Leur message en substance est d'une grande simplicité: "Les gouvernements britannique et néerlandais n'ont aucun droit de nous demander à nous, contribuables, de payer pour compenser les épargnants de ces pays ayant été blousés par Icesave. Les économies de ces épargnants ne sont jamais arrivées en Islande, nous n'en avons pas bénéficié. Les Britanniques et Néerlandais n'ont aucune base légale pour exiger de notre part ces 3,9 milliards d'euros, qui plus est avec des taux d'intérêt de 5,5%, tout en bloquant l'aide du FMI tant que le dossier n'est pas réglé!" A bon entendeur salut.
Les arguments font naturellement mouche chez les Islandais qui, après avoir grandement croqué à la pomme de la prospérité, ont pas mal d'autres soucis en tête ces derniers temps. Des ménages n'arrivent plus à rembourser leurs emprunts (contractés souvent de manière imprudente, sur le conseil de banques tentatrices), les faillites se multiplient, le chômage augmente, les candidats à l'émigration vers la Norvège ou ailleurs commencent à se bousculer au portillon, etc.
Bref, le 6 mars, il y a très peu de chances que les Islandais approuvent une loi (Icesave) qui alourdira encore la barque... Même si elle a déjà été adoptée par leur parlement (photo) fin décembre 2009. D'où les tentatives actuelles, menées en coulisse par le gouvernement de Reykjavik, en vue de renégocier l'accord conclu avec Londres et La Haye. Ce qui permettrait d'annuler la tenue du référendum. Les autorités veulent croire que les Britanniques et les Néerlandais y ont aussi intérêt. Mais le temps presse: les Islandais de l'étranger ont déjà commencé à voter...

vendredi 8 janvier 2010

Glaciale vengeance

Petite suite ironique à mon billet du 5 janvier (Le pari risqué d'Olafur), qui a pour toile de fond la crise économique en Islande.
Rappelons qu'en pleine tempête financière sur l'île, le gouvernement de Londres avait gelé les avoirs (assets en anglais, ce qui a son importance, vous le verrez) des banques islandaises dans le Royaume-Uni pour protéger les épargnants britanniques. Et ce, en usant d'une loi anti-terroriste! Bien des Islandais ne l'ont toujours pas digéré...
Depuis, Londres insiste pour que l'Islande - donc les contribuables du pays - rembourse l'argent dépensé pour compenser les épargnants britanniques ayant perdu leurs économies dans la tourmente Icesave.
Et voilà que ce matin, tandis que le Royaume-Uni croule sous la neige, je reçois de Reykjavik un courriel très simple, avec juste une photo et quelques mots:

Peuple britannique: rendez vous et nous reprendrons notre mauvais temps.
Cordialement,
L'Islande











En guise de légende photo, cette phrase qui se traduit d'elle-même:
British citizen in downtown London said: "We froze their assets... Now they freeze our asses!"