La rébellion islandaise s'organise. Aujourd'hui, lancement officiel de la campagne initiée par une association contre la loi Icesave, vécue comme inique par une partie de la population de l'île (voir mon billet du 5 janvier, Le pari risqué d'Olafur). A moins d'un mois du référendum sur le sujet, conférence de presse dans un grand hôtel de Reykjavik. En rang d'oignon, sept hommes en noir attendent les journalistes de pied ferme.
Ce sont les fondateurs d'InDefence, une association lancée par des citoyens islandais en plein dans la tourmente financière d'octobre 2008, initialement pour protester contre le sale coup administré par Londres: l'île nordique venait alors d'être rangée, au côté d'Al Qaida et des talibans, parmi les cibles de la législation antiterroriste britannique...
Les sept justiciers en noir ne mâchent pas leurs mots face aux journalistes, à peine plus nombreux qu'eux dans la salle (des questions arrivent aussi par courriel). Leur message en substance est d'une grande simplicité: "Les gouvernements britannique et néerlandais n'ont aucun droit de nous demander à nous, contribuables, de payer pour compenser les épargnants de ces pays ayant été blousés par Icesave. Les économies de ces épargnants ne sont jamais arrivées en Islande, nous n'en avons pas bénéficié. Les Britanniques et Néerlandais n'ont aucune base légale pour exiger de notre part ces 3,9 milliards d'euros, qui plus est avec des taux d'intérêt de 5,5%, tout en bloquant l'aide du FMI tant que le dossier n'est pas réglé!" A bon entendeur salut.
Les arguments font naturellement mouche chez les Islandais qui, après avoir grandement croqué à la pomme de la prospérité, ont pas mal d'autres soucis en tête ces derniers temps. Des ménages n'arrivent plus à rembourser leurs emprunts (contractés souvent de manière imprudente, sur le conseil de banques tentatrices), les faillites se multiplient, le chômage augmente, les candidats à l'émigration vers la Norvège ou ailleurs commencent à se bousculer au portillon, etc.
Bref, le 6 mars, il y a très peu de chances que les Islandais approuvent une loi (Icesave) qui alourdira encore la barque... Même si elle a déjà été adoptée par leur parlement (photo) fin décembre 2009. D'où les tentatives actuelles, menées en coulisse par le gouvernement de Reykjavik, en vue de renégocier l'accord conclu avec Londres et La Haye. Ce qui permettrait d'annuler la tenue du référendum. Les autorités veulent croire que les Britanniques et les Néerlandais y ont aussi intérêt. Mais le temps presse: les Islandais de l'étranger ont déjà commencé à voter...
Peu de chance que la loi soit approuvée ? L'aide du FMI et la candidature à l'UE (même si elle partage les Islandais) ne peuvent-elles influer la décision du 6 mars (si référendum il y a) ?
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimeron peut effectivement se poser la question. J'imagine que vous en discutez souvent avec les Islandais que vous cotoyez. Que vous disent-ils? En tous cas, les sondages (sans vouloir leur accorder trop d'importance) donnent le "non" gagnant - si le référendum est maintenu...
Pour en revenir à vos 2 points:
-- l'aide du FMI: le Fonds n'a pas bonne presse ici, au fur et à mesure que les autorités taillent dans les dépenses publiques pour "mériter" l'argent distribué tranche par tranche par le FMI;
-- la candidature à l'UE: l'envie des Islandais d'y adhérer a pris un coup dans le nez.
Lors de mon séjour en janvier 2009, bon nombre de mes interlocuteurs semblaient prêts à rejoindre l'Union pour peu que la situation, alors tellement incertaine, se stabilise.
Lors de mon passage en mars 2009, les gens étaient déjà moins emballés.
Aujourd'hui, pas mal de monde comprend que l'adhésion à l'UE ne sera pas la panacée. En plus, l'attitude des gouvernements britannique et néerlandais dans le dossier Icesave me semble avoir rejailli sur la réputation de l'UE dans son ensemble.